La tempête faisait rage. La nuit tombait rapidement alors qu’un homme affrontait le vent et la neige de face, la carcasse évidée d’un animal sur son dos et arc à la main. Ses pas laissaient deux lignes parallèles ponctuées de trous plus larges où les lourdes bottes écrasaient la neige sous ses pieds. Lorsqu’il entra finalement dans la grande demeure, la maisonnée au complet est rassemblée autour de sa femme et de son nouveau fils.

-« Un enfant frêle », la sage-femme répétait. « Probablement qu’il ne verra pas la fin de l’hiver ». C’est sur ces paroles que commença la vie de Sigurd, deuxième fils. La scène se répéta avec peu de différence les semaines suivantes. L’enfant était trop calme, l’enfant manquait d’énergie qu’on disait. Mais ni sa mère ni son père ne perdirent espoir, et bientôt l’enfant profita de la fonte des neiges pour gouter au soleil et à l’air pur.

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-«  Il est trop faible », son grand frère répétait.  « Il ne fera jamais de tir à l’arc! Il ne sera jamais comme moi! ». Sa vie continua sur des paroles négatives. Il garda son calme, malgré ses 4 ans, alors que la flèche tomba faiblement juste devant lui, ne plantant même pas dans le sol. Déjà son père leur enseignait la chasse, la traque, le camouflage. Mais même l’arc pour enfant ne suffisait pas à sa stature.

-« Sissi s’assis! », cria un garçon en poussa Sigurd. Prit par surprise, il s’étala sur le sol. Rapidement c’était devenu une habitude à l’école. Les railleries de son frère à la maison avaient fait place aux intimidations des autres garçons, tous plus grands que lui. Mais il se contenta d’attendre que les rires passent, puis il se releva et continua sa journée, comme toutes les autres journées.

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-« C’est pas grave », son grand frère répétait. « Moi je vais devenir militaire, toi tu ne fera jamais rien de mieux de ta vie ». Son frère maintenant se mordait les doigts. À l’âge de 10 ans, le corps et les sens de Sigurd s’étaient développés peu à peu. Bien qu’encore frêle, il accompagnait maintenant son père très souvent à la chasse. Son arc était utilisé avec adresse et agilité maintenant pour un enfant de son âge.

-« Sissi… », n’avait pas le temps de finir le garçon. Sigurd était déjà hors de portée, ayant bougé avec rapidité. Le garçon portait trop attention aux alentours pour se faire avoir encore. Le moindre son et le moindre mouvement était enregistré par son cerveau, analysant la location et la direction de chaque action autour de lui, prévoyant déjà son prochain mouvement. Il n’était plus une victime, et il avait apprit de son enfance.

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-« Bravo Sissi», lui avait enfin dit son grand-frère en Reconnaissance. « Je n’aurais pas cru que tu pourrais y arriver ». Sigurd venait de recevoir son emblème du Bifrost. La puberté l’avait changé, lui accordant une taille maintenant respectable. Sa forme physique était adaptée aux longues chasses silencieuses. Mais depuis son don, sa vie était changée. Et dans quelques jours, il entrerait dans lui aussi dans la reconnaissance, comme son frère.

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-« C’est impossible », répétait son frère. C’était l'unique son brisant le silence que l’on pouvait entendre, pendant que la dévastation se tenait devant eux, seuls survivants visibles dans le périmètre. C’était la première mission d’éclaireur de Sigurd après être devenu Ulfsark. Accompagné de son frère, il venait d’échapper de peu à la déflagration. Sigurd ne pouvait même pas repérer un survivant, un seul animal, le moindre signe de vie avec son don. Il n’y avait qu’horreur dans leur visage, et une seule pensée : s’ils avaient été soldats...