Fils de parents modestes, Keith grandit avec tout l’amour dont un enfant avait besoin. Sa famille n’était pas riche, mais ne manquait de rien, n’enviant aucunement les plus riches. À travers son éducation, il apprit de nombreuses notions fondamentales comme la redistribution des richesses et la protection des êtres importants. Son plus grand modèle fut son père qui était membre de l’armée. Il n’était pas un soldat d’élite et ne se distinguait aucunement par ses exploits. Toutefois, il avait du cœur dans tout ce qu’il entreprenait. Que ce soit pour protéger sa nation ou sa famille, son père incarnait un héros, une inspiration qui eut une grande influence sur lui.

Indirectement, Keith voulait ressembler à son paternel. Chaque repas, celui-ci suscitait l’intérêt de son fils en lui racontant les nombreuses péripéties dans lesquelles il s’était trouvé. Malgré la banalité des récits et le manque de contenu, il y avait un aspect qui revenait toujours : le désir de protection. Cet aspect semblait se répéter chaque histoire. Agissant comme constante muette, Keith ne pouvait s’empêcher de dévorer les péripéties de son modèle. Si plusieurs s’endormaient en lisant des histoires, celui-ci s’endormait en visualisant son futur. Il espérait un jour pouvoir devenir comme son paternel.

Ainsi, il tentait indirectement de devenir comme son père. Dès qu’une situation conflictuelle apparaissait, il mettait sa vie en danger pour protéger celle d’autrui. Le seul problème était son absence de considération pour sa propre personne. Lorsqu’il se faisait intimider par les autres enfants, sa capacité à se défendre était gênante. Ainsi, rapidement, les jeunes racailles du village jetèrent leur dévolu sur lui. En voulant jouer au héros, il s’était indirectement enfermé dans une cage où il était le seul à en payer le prix. C’était le coût pour avoir réagit devant l’oppression que subissaient les autres, le prix de ne pas être un mouton et de dire tout haut ce que les autres pensaient tout bas. De ce fait, il n’était pas rare qu’il revienne à son domicile avec quelques ecchymoses. La réaction de ses parents ne tarda pas. Pour pallier la situation, le père de Keith lui enseigna des techniques d’autodéfense pour qu’il puisse répondre de ses paroles. Or, il n’arrivait qu’à manifester ce qu’on lui avait appris lorsqu’il était inspiré par la crainte ou les émotions de ceux qu’il voulait protéger. Ainsi, le cercle vicieux se perpétua jusqu’à ce qu’un jour son cauchemars devienne une bénédiction.

À l’âge de 12 ans, la bénédiction d’Haneul entra dans sa vie. Sous forme d’un délicat toucher, un symbole se grava sur son poignet, signe qu’il venait de signer un pacte à vie avec cet esprit. Les circonstances entourant ce toucher sont encore floues dans sa mémoire, mais suite à ce jour, des tonnes de choses changèrent. Après quelques années, il fut en mesure de se porter à la défense de sa propre personne. C’est un enseignant de l’académie qui lui permit de voir son problème sous un autre angle. Réalisant à quel point Keith était très axé vers le bien-être d’autrui, celui-ci lui fit prendre conscience qu’il serait incapable de protéger ses rêves et les êtres qu’il chérissait s’il n’arrivait pas à se protéger lui-même. Depuis ce jour, l’être incapable de défendre sa propre personne devint un élève qui avait besoin d’être catalysé. Ainsi, cet enseignant devint un mentor à travers qui il fut en mesure de catalyser son potentiel.

Après la formation qui dura cinq ans à l’académie, il eut la possibilité de devenir un soldat, mais le vent le mena vers un chemin complètement différent. Bien qu’il continua de s’entretenir physiquement en compagnie de son mentor et de son père, Keith décida qu’il protégerait le bien-être d’autrui de manière totalement différente. Comme on lui avait permis de se canaliser, il opta pour une opportunité qui allait lui permettre de canaliser les désirs et les inquiétudes de la population. Faisant une rencontre fortuite il accepta un rôle lui permettant d’être les yeux et les oreilles de Vordt. Il devint Qiang de Iole, sa ville natale. En ce moment, là où de nombreux confrères de l’académie sont soldats, il a opté pour une couverture beaucoup plus modeste, se promenant de zone en zone pour faire du bénévolat et accomplir son travail.